Le maire de Rezé a pris l'initiative d'un débat avec les porteurs du projet de transfert du CHU sur l'Ile de nantes lors du dernier conseil municipal, vendredi soir. Très intéressante initiative.
Voici mon intervention:
Nous défendons tous ici, je l’espère tout du moins notre système de santé publique, qui est le seul en capacité de répondre à l’ensemble des malades quelles que soit leurs situations sociales et leurs maladies. Ce système de santé est performant et dynamique malgré les contraintes budgétaires drastiques qu’on lui impose. Il résiste bien à la concurrence du privé lucratif.
Et pour qu’il reste performant et efficient, il doit pouvoir se développer, améliorer ses conditions d’accueil et de soins et se projeter dans l’avenir. C’est pour cela qu’un regroupement de ses activités sur un même site, qu’une modernisation de ses services et qu’une mutualisation de ses équipements apparaissent aujourd’hui comme incontournables.
Le premier élément du débat est bien celui de la défense du service publique de santé. Le futur CHU doit avoir les moyens de servir les malades, tous les malades de nos territoires urbains et périphériques. Refuser la création d’un nouveau CHU serait affaiblir la santé publique et faire la part belle aux cliniques privées.
Pour répondre à cette nécessité de développement et d’innovation du service public il faut accompagner et favoriser la création d’un grand complexe hospitalo-universitaire. L’enjeu est très important. Pas de développement sans un regroupement de toutes les activités de recherche, d’innovation et de soins sur un même site. C’est le second argument.
Le troisième qui plaide en faveur d’un nouveau CHU regroupé, c’est l’impact économique. Si l’on se base sur ce qui s’est passé depuis dix ans, dans les dix prochaines années, on peut créer 800 emplois de haut niveau, techniciens, enseignants, chercheurs.
Il apparaît clairement qu’un regroupement de toutes les fonctions hospitalières, enseignement, recherche, soins doit être regroupé. Ce qui implique de réunir le court séjour de l’Hôtel-dieu et de l’hôpital Nord Laënnec. La question est où ?
L’hôpital s’est de tous temps ou presque toujours situé au coeur des villes. C’est le cas de l’hôtel dieu à Nantes.
Aujourd’hui cette centralité est-elle toujours nécessaire ? La périphérie nantaise est plutôt bien servie par les établissements privés. D’où viennent les patients ?
Positionner la santé à l’intérieur de la ville a donc du sens, étant donné l’évolution même de cette notion de santé.
Le CHU de Nantes reçoit pour 75 % des patients du département de la Loire-Atlantique, répartis de façon homogène. 50 % viennent des communes de l’agglomération nantaise, dont 20 % à l’intérieur du périphérique. De ce point de vue, le site du centre-ville permet de desservir équitablement la totalité des patients, en connexion avec tous les modes de transport qu’ils sont susceptibles d’emprunter, les transports en commun à l’intérieur de l’agglomération bien sûr, mais aussi l’interconnexion avec la gare SNCF.
D’ici 20 ans, 80 % des séjours des malades à l’hôpital ne dépasseront pas la journée. Il nous faut donc appréhender l’accès à l’hôpital comme un élément du quotidien.
La présence du patient dans la ville permet une limitation des déplacements pour raison de santé et donc une proximité plus forte entre l’habitant/patient et l’hôpital public. L’hôpital public, s’il est dans la ville, nous permet de l’appréhender comme un élément de la vie urbaine. On n’ira plus alors spécialement à l’extérieur de la ville pour se soigner.
Si l’on peut bien considérer la logique d’une implantation au cœur de la ville et donc au centre de Nantes, la seule question qui se pose est l’accessibilité du lieu. Qui drainera des dizaines de milliers de déplacements de patients, salariés, visiteurs, ambulanciers, fournisseurs, mais aussi d’habitants du quartier.
L’accessibilité à la santé nécessite des déplacements faciles et nécessite un Plan de Déplacement Urbain adapté.
Celui-ci définit le site d’accueil du futur CHU sur l’Ile de Nantes comme le site qui sera demain le mieux desservi de toute l’agglomération nantaise, en transports publics, en déplacements doux et en accessibilité routière.
Un hôpital en périphérie signifie que 80 % des déplacements s’effectuent en voiture. Pour un hôpital en centre-ville, 40 % des déplacements s’effectuent au maximum en voiture. On ne peut pas d’un côté défendre une ville durable et opter pour des projets qui vont multiplier par deux le bilan carbone d’un équipement public !
L’implantation sur l’île de Nantes sera donc une chance pour le CHU qui y trouvera l’espace nécessaire à ses projets de développement. Elle sera aussi une chance pour le territoire du point de vue économique et du point de vue de la cohésion sociale. Ce projet et son implantation en cœur de ville répondent parfaitement à l’objectif d’une offre de santé publique performante, de qualité et accessible à tous.
C’est pourquoi, je défends et nous défendons cette implantation du CHU sur l’Ile de nantes.
Je veux terminer en remerciant Monsieur le Maire d’avoir ouvert cette discussion qui concerne l’avenir de notre territoire. Les rezéens et leurs élus, fidèles à une longue histoire de solidarité avec Nantes, soutiennent les projets de développement de la ville centre, car c’est l’intérêt général et l’intérêt d’une agglomération dynamique et attractive. Nous aimerions qu’en retour la ville centre et la métropole se soucient davantage du devenir de l’économie et de l’emploi à Rezé et au sud-loire. Bien sûr, nous ne revendiquons pas l’implantation du CHU pour nous-même comme peuvent le faire certains maires du Nord ou du Sud-loire. Pour autant nous souhaitons l’équité en termes de développement. Ce qui signifie une répartition équitable et planifiée des implantations de grandes entreprises. Après le CHU d’autres débats devront suivre où nous ferons entendre notre voix.